des journalistes de Libération et des Inrocks accusés de harcèlement
11 February 2019
Des utilisateurs de Twitter sont accusés d’avoir harcelé des internautes, des femmes pour la plupart. L’affaire, qui défraie la chronique depuis quelques jours, implique des journalistes influents parmi lesquels Vincent Glad.
A ce jour, y figurent «une trentaine de personnes pour la plupart issues de nombreuses rédactions parisiennes, du monde de la publicité ou de la communication», explique le site spécialisé dans la vérification des faits.
C’était de l’acharnement, je me suis aussi fait harceler, avec des insultes, des photomontages, des gifs animés avec des trucs pornos avec ma tête dessus, des mails d’insultes anonymes
«Un jour, l’un des membres de cette ligue a pris une image porno d’une nana grosse et blonde qui pouvait vaguement me ressembler et a commencé à faire tourner l’image sur Twitter en disant qu’il avait trouvé ma sextape», confie à Checknews, Daria Marx, lacofondatrice du collectif Gras politique qui lutte contre la grossophobie.
«Ils étaient absolument infâmes sur Twitter», lance de son côté la journaliste Nora Bouazzouni, auteur de Faiminisme, quand le sexisme passe à table. «C’était de l’acharnement, je me suis aussi fait harceler, avec des insultes, des photomontages, des gifs animés avec des trucs pornos avec ma tête dessus, des mails d’insultes anonymes. C’était le forum 18/25 de jeuxvideo.com avant l’heure. Ils s’en prenaient, à plusieurs, à la même personne. Et comme ils avaient des comptes très influents, ça prenait tout de suite une ampleur importante», poursuit-elle.
Les victimes présumées se confient massivement sur Twitter
La publication de ces témoignages a rapidement fait l’effet d’une bombe sur Twitter, où les confidences des victimes se sont succédées : la youtubeuse scientifique Florence Porcel a ainsi évoqué, en commentaire d’un tweet relayant l’article de CheckNews, un «fait d’armes» de l’un des membres du groupe Facebook, qui serait «rédacteur en chef d’un grand magazine».
J’ai pleuré pendant trois jours de honte, d’humiliation et de peur
«J’ai aussi été harcelée par la “Ligue du LOL” pendant des années. Leur dernier fait d’armes est toujours en ligne et il est punissable d’an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende. J’ai vos noms, mecs. J’oublie pas», écrit-elle.
J’ai aussi été harcelée par la ligue du LOL pendant des années. Leur dernier fait d’arme est toujours en ligne, et il est punissable d’1 an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende. (Y a prescription.) https://t.co/EB08ZL07Zq J’ai vos noms, mecs. J’oublie pas.— Florence Porcel (@FlorencePorcel) 8 février 2019
— Florence Porcel (@FlorencePorcel) 9 février 2019
Je mesure aujourd’hui la dégueulasserie de ces actes
— David Doucet (@Mancioday) 10 février 2019
«La bande à Vincent Glad»
— Vincent Glad (@vincentglad) 10 février 2019
Dans la liste des victimes de la «Ligue du LOL» ne figurent pas uniquement que des femmes. Benjamin Le Reilly raconte dans un article publié sur Medium avoir été harcelé et avoir fait l’objet d’actions humiliante à partir de mai 2011 : «Quelqu’un a commencé à diffuser un photomontage de moi en train de sucer un pénis […] Le montage était envoyé en masse à des mineurs, jusqu’à 12-14 ans, avec la mention “Salut, je suis @lereilly, j’adore sucer, ça t’intéresse”.»
Au début c’était juste des piques, puis petit à petit ce sont devenus des mentions étouffantes. Dès que je publiais un contenu, je savais que j’allais en souffrir
…que je publiais un contenu, je savais que j’allais en souffrir. Mes bourreaux étaient Lapin Blanc, Soymalau, Desgonzo, « La bande à Vincent Glad ». Mes potes me disaient « Franchement, ne te prend pas la tête avec eux », sauf que des tacles à la carotide à répétition, ça…
— Christophe Ramel (@Kriisiis) 10 février 2019
L’ancien membre de La France insoumise Djordje Kuzmanovic a lui aussi assuré avoir été victime de cette «bande de journalistes et de pubards adeptes du harcèlement moral et dégainant très vite l’anathème “fasciste” dans leur vie officielle».
Moi aussi j’ai été là cible de membres de la #LigueduLOL.
Une bande de journalistes et de pubards adeptes du harcèlement moral et dégainant très vite l’anathème “fasciste” dans leur vie officielle.
La liste de ces sans-couilles usant de méthodes fascistes⬇️#RendsTaCarteDePresse pic.twitter.com/BtzQtOPQZ6— Djordje Kuzmanovic (@Vukuzman) 10 février 2019
Face à la polémique, des journalistes et anciens membres du groupe Facebook controversé, ont fait part de leurs regrets de ne pas avoir révélé l’existence de ces agissements à l’instar du journaliste de Telerama, Olivier Tesque, qui affirme avoir fait partie de la catégorie des «témoins passifs» ou encore d’Alexandre Hervaud, journaliste à Libération.
— Alexandre Hervaud (@AlexHervaud) 10 février 2019
Quand Aurore Bergé «s’en foutait»
C’était les “mecs cool”. Jeunes journalistes ou mecs en agences pub/com.
Ceux qui avaient les comptes à suivre.
Ceux avec lesquels on avait intérêt à rire pour ne pas être insultés ou moqués à notre tour.
On a été nombreuses à les subir.
C’était des harceleurs. #shame #ciao https://t.co/3VDjCbCNWy— Aurore Bergé (@auroreberge) 10 février 2019
Problème ? Des internautes ont débusqué un tweet d’Aurore Bergé, alors membre de l’UMP, datant de 2010. Interpellée au sujet de l’existence de cette ligue, elle avait alors commenté : «Je vous annonce très officiellement que je m’en fous.»
Je viens de relire ce à quoi il semble que cela faisait référence il y a 9 ans… Je n en avais aucun souvenir. @jb_r non plus.
Je me souviens en revanche tb des attaques répétées, du harcèlement. Je ne savais pas que cela était organisé… ni avait pris cette ampleur.— Aurore Bergé (@auroreberge) 10 février 2019
Source: RT